jeudi 6 novembre 2008

Donners-Tag (le jour du Kebab)


Or donc, Marie-Georges Profonde me tagai tantôt.

Je dis tantôt, mais bon, ça fait une paye et une sacrée paye même, puisque ça date du 24 septembre, bref, il y a un mois et demi.

Alors je présente mes excuses les plus applaties à mes trois lecteurs qui ont dû, depuis longtemps, voguer vers de nouveaux horizons faute de niouzes par ici.

Plusieurs raisons se sont combinées pour me faire jouer de malchance. Loin de moi l'idée de vouloir me justifier, mais une si longue absence mérite quand même quelques éléments d'explications : je sors tout juste de ma période professionnelle la plus intense de l'année qui a duré quelques 6 à 7 semaines.
J'avoue que le soir, en rentrant, après une journée passée devant l'ordi au bureau, je n'avais plus trop la fougue de bloguer. De plus, cette période correspondait, comme chaque année, à la déprime automnale qui mine le moral à tous les niveaux: l'envie de rien, et puis bloguer pourquoi faire, d'abord??

Fort heureusement, j'ai repris du poil de la bête, professionnellement c'est relâche, et l'envie de bloguer revient. Sache donc, lecteur, ne pas bouder le plaisir de me retrouver "online" et vas-y de ton petit commentaire pour m'encourager!

Mais, trève de babillage, il est désormais grand temps que je m'exécute dans la réalisation du tag sus-cité, pour ne point laisser croire à MGP que je ne suis qu'un couard fuyant lâchement.
Il s'agit du 123-tag dont je te rappelle le règlement ci-dessous, si tu as l'audace de ne pas déjà le connaître (toute façon, c'est dans la règle!):

Règlement :

A) citer la personne qui t'a tagué et mettre un lien vers son blog ;
B) indiquer le règlement du jeu ;
C) ouvrir un livre que l'on aime à la page 123 ;
D) recopier à partir de la cinquième phrase et les cinq phrases suivantes ;
E) indiquer le titre du livre, le nom de l'auteur, de l'éditeur, ainsi que l'année d'édition ;
F) taguer 4 personnes dont vous souhaitez connaître les lectures et les avertir sur leur blog.

Effectivement, les livres qui m'ont le plus marqués ne proposent pas toujours la page 123 la plus intéressante. Certains n'ont même rien, sur la page 123 (dans plusieurs cas, une simple page d'en tête de chapitre, rien que le numéro!)
Et pour les petits bas-de-plafond, je mets le doigt sur le souvenir mathématique qui fait mal, j'ai nommé: "le N+1". Car en effet, de la 5e à la 11e phrase, ça nous fait un total de 6 phrases, au final. Mais, place au texte :

"Ma maladie nous avait ruiné. Pendant deux ou trois mois, les meilleurs spécialistes d'Europe avaient été convoqués auprès de moi et ma mère était criblée de dettes. Même avant ma défaillance et bien que sa maison fût, incontestablement, pendant deux ans, la première de la ville, son prestige était plus reluisant que son chiffre d'affaires, et notre train de vie plus grand que nos moyens ; l'entreprise ne subsistait que dans le cercle infernal des traites sur l'avenir, et le mot russe wechsel, traite, était un refrain que j'entendais continuellement. Il faut bien mentionner aussi l'extravagance extraordinaire de ma mère lorsqu'il s'agissait de moi, l'étonnante écurie de professeurs dont j'étais entouré, et surtout, sa détermination de maintenir coûte que coûte une façade de prospérité, de ne pas laisser la rumeur se répandre que l'affaire périclitait car, dans le snobisme capricieux qui pousse la clientèle à accorder ses faveurs à une maison de couture, le succès joue un rôle essentiel : au moindre signe de difficultés matérielles, ces dames font la moue, s'adressent ailleurs ou s'appliquent à vous arracher un prix de plus en plus bas, accélérant ainsi le mouvement jusqu'à la chute finale. Ma mère le savait bien et elle lutta jusqu'au bout pour sauver les apparences. Elle savait admirablement donner aux clientes l'impression qu'elles étaient "admises", ou même "tolérées", qu'on n'avait pas vraiment besoin d'elles, qu'on leur faisait une faveur en acceptant leurs commandes. Ces dames se disputaient son attention, ne discutaient jamais les prix, tremblaient à l'idée qu'une robe nouvelle pût ne pas être prête pour le bal, pour la première, pour le gala - ceci, alors que ma mère avait chaque mois le couteau de l'échénce sur la gorge, qu'il fallait emprunter de l'argent chez les usuriers, que des traites nouvelles étaient tirées pour faire face aux traites échues, cependant qu'il fallait aussi s'occuper de la mode du jour, ne pas se laisser distancer par les concurrents, jouer la comédie devant les acheteurs, procéder aux interminables essayages, sans jamais donner l'impression à l'aimable clientèle qu'elle vous tenait à sa merci, et assister aux "achèterai - achèterai pas" de ces dames avec un sourire amusé, sans leur laisser deviner que l'issue de cette valse-hésitation était pour vous une question de vie ou de mort."

Alors, non, ce n'est pas du Proust, même si ces six phrases nous amènent jusqu'au milieu de la page 124. Il s'agit de Romain Gary, La promesse de l'aube, éditions Gallimard, collection Folio, 1980.
Il me faut maintenant lancer la patate chaude à 4 confrères blogueurs.... Ou conseurs, d'ailleurs, point de sexisme!

Je tague donc miss Pyrrha-Na, qui m'a poussé au blog (une sorte de petit hommage quoi!), Marie-Luka-Luna-biche, pour savoir ce qu'elle lit depuis qu'elle est au Canada, Dodue de la Plume, qui a sans doute déjà reçu ce tag, mais qui a sans doute également commis de nouvelles lectures depuis, avec cette rentrée littéraire qui bat son plein, et une petite 4e pour la route : Miss Cochon, que j'ai toujours un grand plaisir à lire.

Voilà, moi, maintenant, j'ai bien bossé, j'vais aller me coucher.
Mais pas avant de vous passer une petite musique de nuit, pour vous mettre un peu de baume au coeur en cette période de récession économique, qui me semble pas prête de s'arrêter :
Monsieur Pierre Perret chante "Ô ma mère":


Découvrez Pierre Perret!

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Le revoilà ! Ayant déserté ton blog, nous te croyions quasi décédé !!!
Bon j'en rajoute un peu, à peine, puisqu'on a partagé une mousse pas plus tard qu'il n'y a pas si longtemps... au fait c'était quand ??? Va falloir remettre ça, et vite !!!

Content de te relire mec ! ;-)

Marie-Georges a dit…

J'ai failli penser que tu n'étais "qu'un couard fuyant lâchement" mais finalement non :))
En plus tu as courageusement œuvré : tu as pris 6 belles phrases à rallonge ! Et tu tagues des blogueurs renommés, j'ai hâte de voir ce que ça donne (à toi cochon !)
A bientôt et pas de déprime automnale : c'est bientôt l'hiver, you-pi.

Fab-Fab a dit…

mMerci pour vos commentaires qui ne se sont pas faits attendre!
Désolé pour la mise en page, mais blogger ne prend pas en compte mes sauts de lignes visant à aérer mon texte ... :-(

@ Xav : ouais, je veux, une pitite mousse un de ces soirs... ce soir?

@MGP : je plussoie : re-you-pi-tralala (ajouterais-je même) c'est bientôt l'hiver! Il va faire encore plus froid, encore plus gris...

Fab-Fab a dit…

pfff... il faut bloguer en code HTML pour que la mise en page soit prise en compte! c'est relou ça!

Anonyme a dit…

Heureuse de te voir revenu...en ce moment moi aussi je suis un peu absente : quand il y a du boulot, il faut le faire !
Je me cherche d'avance quelques excuses ! Choisir un livre, c'est déjà pas simple mais en plus taguer d'autres blogueurs, l'horreur, je ne connais personne sur cette vaste toile ! Que ceux qui veulent être taguer me fassent signe !
(J'ai jamais lu Romain Gary, je ne m'attendais pas à ça).
Bon retour ;-)

Fab-Fab a dit…

Merci Dodue, pour ton message.

Y'a un truc marrant quand tu sais pas qui taguer, c'est de taguer des inconnus... En plus, quand tu connais personne, t'as pas trop le choix... (un petit défi que je te lance!)

Quant à Romain Gary, je te le recommande! Ce passage n'est pas forcément représentatif, ça se lit très bien... Enfin, c'est valable pour La promesse de l'aube et La vie devant soi... J'ai attaqué son deuxième Gongourt (chronologiquement le premier) Les racines du ciel il y a des mois de ça, j'ai lutté et lutté pour ne pas décrocher, mais je n'ai pas réussi... Une des grandes déception littéraires de ma jeune vie...

Yibus a dit…

quelle chance tu as d'avoir fait un nouveau billet aujourd'hui... Tu as failli disparaître de la liste des favoris d'un des blogs les plus consultés par les présidents du monde entier (maintenant que les Etats-Unis sont redevenus fréquentables)...

Et sans vouloir dénoncer (ce n'est pas le genre de la maison), c'est madame, qui, pas plus tard qu'hier me disait, en constatant que "John n'avait pas le frite" depuis -au bas mot- un mois et demi, avait laissé tomber : s'il ne fait plus de billet, enlève-le de ta liste (et tu les rajouteras plus tard, ajouta-t-elle, magnanime...).

Bien vu le tagage de Pyrrha-na : qu'elle se remette un peu au boulot (sinon, elle passe à la tronçonneuse...)...

Ah, je suis en grande forme aujourd'hui... Ne me remerciez pas !

pyrrha-Na a dit…

waouuhhhhh.. c'est la première fois qu'on me rend hommage je crois.. j'ai pris 30 ans d'un coup ! v'là la maturité que j'ai gagnée, yiii hhhaaaa ! j'ai intérêt à être sérieuse maintenant.

bon, t'as de la chance : ce tag me plaît bien, donc je m'y mets très bientôt. (et puis dans ma grande magnitude, maniaquerie, magnanité ou équivalent, je t'excuse pour ce lonnnngg trou noir)

(toute façon, j'ai pas le choix : Yibus m'a fichu une sacrée frousse, brrrr....) :))

Fab-Fab a dit…

@ Yibus : eh ben je vois que la rançon du succès passe par une belle mise à la trappe des scrupules, bravo! C'est bien la pruve qu'on ne connait jamais trop sa propre famille! Brrr, j'ai eu chaud, et vis désormais constamment sur le fil du rasoir, la tête sur le billot, rien qu'à une encablure de l'échaffaud...

@ Pyrrha-Na : je comprends la frousse que tu as eue! courage pour le Tag!

Marie-Georges a dit…

Tu sais ce que je fais quand j'arrive pas à obtenir un saut de ligne ? Mon truc de grand-mère :
Je vais à la ligne, je mets un point, je vais à la ligne, j'écris mon nouveau paragraphe ! Et le point, tout seul sur sa ligne, je le mets de la couleur du fond (bleu clair pour toi). Ça se voit pas, ça occupe une ligne et on dirait donc qu'il y a un saut de ligne ! Parce que moi, le code html, je maîtrise très moyennement !

Fab-Fab a dit…

héhéhé! merci pour le bon vieux truc de grand mère!
j'y avais pas pensé!

sKaLpA a dit…

J'avance....

http://kprodukt.blogspot.com/2008/11/chne-et-ta-gueux.html

Je trouverais, en attendant je visite...