jeudi 16 avril 2009

Tati, ton thé t'a-t-il ôté ta toux?

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Lundi de Pâques dernier, plutôt que de manger moults chocolats, j'ai décidé de m'occuper intelligemment.

J'ai donc pris mes petits pieds et me suis rendu à l'exposition que la cinémathèque française consacre à Jacques Tati. Oui, celle là-même qui fait d'ailleurs polémique au sujet du "trucage de l'affiche" par la RATP.

C'est la seconde expo que je vais voir à la cinémathèque française, après celle consacrée à Méliès et évoquée ici. Pour la seconde fois, j'en ressors également ravi!

J'avais vu quelques uns des films du grand Jacques Tati (près d'1 m 90 quand même!) ainsi qu'un documentaire sur son oeuvre, mais je ne savais pas qu'il n'avait fait que cinq films tout au long de sa carrière!

En effet, Tati était un grand observateur. Il lui fallait le temps de voir, de s'imprégner (lui même acteur principal de ses films, il porte le rôle principal sous l'imperméable de Monsieur Hulot, à grand renfort de singeries et de mimiques), avant de digérer et d'intégrer à ses scenarii les caricatures de ses contemporains et de la société dans laquelle il baignait. Tati a d'ailleurs dit un jour "si j'avais su dessiner, j'aurais voulu être caricaturiste". Nul doute qu'il l'a été, avec une caméra en guise de crayon.

Preuve de cette capacité d'observation amusée et toujours à l'affût, ses derniers mots à l'intention de sa femme et de sa fille, sur son lit d'hôpital, auraient été "J'ai l'impression qu'il y a une histoire d'amour entre la fille de salle et le grand noir qui fait le ménage"... Tati aura véritablement "travaillé" jusqu'à son dernier souffle!

J'ai franchement trouvé l'expo très bien faite. Au delà de nous offrir en spectacle la dualité cocasse d'un Tati/Hulot à travers son oeuvre, elle nous plonge radicalement dans son univers pour une visite en immersion totale. J'y suis ainsi resté trois heures sans voir le temps passer!
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En plus de ses films, Tati en lui même est quelqu'un d'assez fascinant, de même que l'histoire de sa carrière et la déroute de son dernier tournage (Playtime) qui l'a complètement ruiné. Il est certain que s'il était mort riche et adulé des foules dans une villa tropézienne, sa fin n'aurait pas concouru à le rendre à ce point intéressant. Au lieu de ça, à l'instar de nombreux peintres, poètes et artistes, c'est dans la misère et plein d'amertume qu'il a quitté ce monde, laissant un héritage conséquent en seulement cinq films au patrimoine cinématographique français.
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Imagine un peu que, tel le roi tchèque de la chaussure, Tati a fait construire une ville à son nom pour les besoins de son ultime tournage! Tativille, ça s'appellait.


Et si les immeubles n'étaient en fait que des maquettes, elles avaient tout de même 8 à 10 mètres de haut. Son décor gigantesque construit sur un terrain vague du Val de Marne, Tati aurait voulu le préserver et en faire une école de cinéma. Malheureusement, Malraux, sinistre de la culture à l'époque, n'a pas donné suite et l'ensemble a été détruit. Besson a eu plus de chance que lui!

En sortant de l'expo Tati, si comme moi tu es encore empreint de son univers et que ton vidéoclub n'a aucun de ses films, il te reste l'option, si tu es francilien, d'aller voir la réplique à l'échelle 1 de la villa Arpel, du film Mon Oncle. Mais dépêche-toi! Ca ne dure que jusqu'au 3 mai, et ça se passe au 104, dans le XIXe arrondissement.

Enfin, si tu es cinéphile et que les causes culturelles te touchent, tu seras alors sensible au sort de Pierre Etaix, qui fut longtemps le premier assistant de Tati. Devenu par la suite réalisateur en titre, lui aussi, il se retrouve présentement privé de ses droits sur ses films, mais surtout du loisir de les diffuser et de les faire connaître. Une pétition est en cours, pour sommer la sinistre de la culture d'intercéder en sa faveur. La date limite de soutien est donc le 10 mais puisque la pétition doit être remise le 13 à l'occasion de la cérémonie d'ouverture du festival de Cannes. Pour contribuer, c'est par ici, puis clique sur "soutien" et insris ton nom. Merci pour lui.

Et pour terminer dans un autre environnement particulier (qui n'a rien à voir!), j'aurais bien voulu intégrer un clip de My Morning Jacket, mais l'option est désactivée sur Youtube. Donc si ça t'intéresse (juste histoire de remplir la pétition en musique, par exemple), clique ici!

L'info dont on se fout : Les habitants de Meaux s'appellent les Meldois.

3 commentaires:

Yibus a dit…

Eh eh, Tativille...
Et l'empire indien Tata... Ca ferait Tataville.
Et si on empilait toutes les blagues de Toto, ça ferait Totoville...
Quant à l'opéra de Paris, c'est tutuville...

De St-Cyr a dit…

Salut :-)

Petit veinard d'aller voir cette exposition! Pour ma part, j'habite au Québec et je veux vraiment aller en France!

Pour l'instant, je fais un blogue sur ces deux personnages sur une autre forme :
http://tatihulot.blogspot.com/

Au fait, est-ce bien dans la région de Val-de-Marne qu'il a construit Tativille? D'après les informations ailleurs, on parle de Joinville-le-Pont. J'en parle dans mon blogue d'ailleurs.

Bonne visite!

Fab-Fab a dit…

@ Yibus : quel bout-en-train! Fais quand même attention à la surchauffe, surtout à ton âge! ;-)

@ De St-Cyr: salut et bienviendue ici! C'est marrant, moi, c'est tout l'inverse, j'habite en France, et idéalement, j'aimerais bien partir pour le Canada... Comme quoi l'herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin! ;-)

C'est vrai que l'expo est très bien, mais peut-être tournera-t-elle après la cinéamthèque française, qui sait?
Effectivement, Tativille était située dans le Val de Marne, près de Joinville, je crois bien que ça me dit quelque chose en effet... A moins que ce ne fut Champigny, ma mémoire défaille, désolé!

Je vais aller voir ton blog tu as piqué ma curiosité!