En ce triste et gris lundi 10 novembre 2008, nous sommes encore à 8 mois et 10 jours du quarantième anniversaire du premier pas de l'Homme sur la Lune...
Il n'empêche que, ces derniers temps, on dirait que la chose spatiale jouit d'un regain d'intérêt de la part des media et, peut-être aussi, du public, du coup : la sonde martienne Phoenix passe en mode "hibernation", l'Inde en envoie une, de sonde, photographier la Lune, et les projets de base lunaire permettant de faire une pause pipi-et-hop-un-coup-su'l'pare-brise lors d'éventuels voyages habités vers Mars n'ont jamais autant fait couler d'encre... -Note pour plus tard : étudier le pertinence, à l'heure du blog-clavier-souris, de cette expression qui semble aujourd'hui bien désuète -
Et en cette fin d'année où l'industrie ciné pense plus que d'ordinaire à son public le plus jeune, deux films d'animation, à l'affiche depuis quelques semaines, dépoussièrent également la vieille gloire des jours héroïques de la conquête spatiale, américaine, celà va sans dire...
Dans l'ordre chronologique, Les Chimpanzés de l'espace (film que je n'ai pas encore vu) présente l'histoire librement adaptée de chimpanzés, partant dans l'espace (ô surprise, vous entends-je vous exclamer, eh oui!). Pourtant, la base de l'histoire est tirée de faits réels.
En 1961, aux premiers temps du programme Mercury, l'ère du simulateur était encore balbutiante. Rien de tel alors, pour simuler un astronaute, qu'un chimpanzé intensivement entraîné. Je ne sais pas comment les astronautes d'alors, the original seven, avaient pris la chose, nombre de journalistes et de pilotes n'ayant pas manqué de faire la comparaison entre les courageux pionniers humains du vol spatial et les valeureux primates.
Le 31 janvier 1961, c'est le chimpanzé Ham qui est le premier a effectuer un vol spatial (sub-orbital), tandis que son compère Enos a, pour sa part, la "chance" d'enchaîner deux orbites terrestres le 29 novembre de la même année.
Je ne m'éterniserai donc pas trop sur ce film, que j'irai voir dès que possible, mais vais davantage vous parler de Fly me to the Moon, film d'animation belge sorti une semaine après le précédent, et qui nous envoie à l'autre extrêmité des sixties, lors de la mission Apollo 11 et du premier alunissage en juillet 1969....
Là encore, il s'agit d'un film aux personnages animaliers (des mouches) histoire, vous l'aurez compris, de faire un jeu de mot avec le titre du film.
Trois mouches qui rêvent d'aller dans l'espace s'invitent donc à bord de la capsule aux côtés des astronautes Armstrong, Aldrin et Collins. Problème, contrairement aux singes qui n'ont fait qu'un saut de puce et puis retour, les mouches découvrent, trop tard, qu'elles embarquent pour une grosse semaine de voyage spatial.
Connaissant assez bien le sujet, j'étais curieux d'étudier la scénarisation d'un thème a priori sérieux, pour en faire un film si possible drôle et ludique. Je voulais voir quelle était la part de réel et la part d'affabulations brodées sur la base historique. C'est un exercice qui m'attire, la broderie d'affabulations scénarisée en une histoire de fiction, mais qui exige quand même un certain boulot pour que ça paraisse réaliste, ou a défaut, plausible... Savoir se détacher, à un moment donné, de la réalité, n'est pas évident pour un esprit cartésien comme le mien (uhuhuh!) : il faut trouver le bon moment, la bonne dose, bref, l'exercice n'est pas simple. Alors bien sûr, moi, on ne me demande rien, je n'ai aucune pression, mais c'est juste une démarche que j'entreprends pour moi... pour voir sur quelles idées et pojets ça peut déboucher...
Le film est distrayant et gentillet, mais son gros intérêt réside dans le fait qu'il est projeté en anaglyphe. C'est Méliès qui aurait aimé voir ça! Alors, bon, on oublie vite que le port des lunettes nous donne un air bête, puisque un, on est tous dans le même bateau, et deux, on est quand même dans le noir de la salle de ciné.
C'est d'ailleurs Louis Lumière qui a adapté ce principe de projection au cinéma. Ca me rappelle quand j'étais étudiant à l'école éponyme : lors des journées portes ouvertes, j'avais la charge de faire visiter le labo d'optique appliquée et d'expliquer aux badauds le principe simplifié de la création du relief à partir d'un petit dispositif composé de deux projecteurs diapos... Ils comprenaient moins bien l'holographie, je me demande bien pourquoi...
Le résultat de l'expérience Fly me to the Moon est quand même assez impressionnant, même si certains effets sont volontairement forcés pour accentuer la profondeur : du coup, l'oeil peine parfois à accomoder, notamment dans la succession brutale de plans nécessitant une "mise au point" différente. Il faut dire aussi que le cerveau n'est pas habitué à reconstituer ainsi le relief pendant un exercice aussi long (1h24) et perd un peu pied au bout de quelques minutes, avant de se remettre à flots.
Malheureusement, en raison de l'équipement de projection spécifique nécessaire, ce film n'est pas diffusé dans beaucoup de salles. Mais si vous ne savez que faire des gamins un mercredi après midi et que le film passe près de chez vous, allez-y : ça leur en bouchera un coin!
L'autre bémol du film est l'apparition, dans le générique de fin, de Buzz Aldrin (le vrai), serré dans son bombers de la NASA, pour rétablir la vérité et préciser, signature à l'appui, qu'il était scientifiquement impossible que des mouches embarquent dans une capsule d'Apollo... Le côté fun américain en quelque sorte... Il a cependant oublié de préciser que, en vrai, les mouches ça ne parle pas, et qu'elles ne peuvent pas se fabriquer de mini scaphandres spatiaux... Non mais je vous jure!
Tiens, j'en profite à mon tour, du coup, pour rétablir une vérité sémantique : on dit souvent que la phrase historique d'Armstrong, lorsqu'il posa le pied gauche sur la Lune, fut : "c'est un petit pas pour l'Homme mais un grand pas pour l'Humanité"... en fait, il faut plutôt la traduire comme suit : "c'est un petit pas pour l'Homme, mais un bond de géant pour l'Humanité". Vous me direz, 40 ans après, on s'en tamponne.
Une anecdote qui m'avait fait sourire en regardant l'excellent film de David Sington In the shadow of the moon, lors d'une interview d'Alan Bean, qui marcha sur la Lune au cours de la mission Apollo 12. Ce dernier déclarait à peu près en ces termes : "C'est une chance que Neil (Armstrong, ndlr) ait été le premier. Avec son flegme et son self-contrôle, lui seul pouvait trouver une phrase ayant un tel retentissement historique. Je pense que si ça avait été moi le premier, je n'aurais pas été capable de trouver mieux que "Yeepee!! C'est moi! J'y suis enfin!""
Voilà ce sera tout à ce sujet : ce post avait pour objet de vous envoyer un peu plus près des étoiles par cinéma interposé. Et pour finir en musique, plutôt que de vous passer du Gold, je vais préférer Franck Sinatra...
3 commentaires:
bah ça alors ! j'étais certaine d'avoir laissé un commentaire !
il est passé où ?
heureusement que je n'en ai pas mis ma main au feu, ou à couper, je n'sais plus.
pfiou.
bon, quoi qu'il en soit, je disais en substance et en allongé : les deux bandes-annonces sont sympas et donnent bien envie. mais j'suis pas très objective : j'aime beaucoup les films d'animation. encore un vestige de mon enfance. ça et euhh..Harry Potter.. entre autres. m'enfin passons.
pour la mauvaise traduction, j'savais pas. il n'a donc pas utilisé le même mot dans les deux parties de la phrase ? ça détruit un peu l'équilibre je trouve. mais ça pourrait souligner la différence de taille.. mmppf.
et donc, toi, tu vas au ciné dans un bateau à Paris... où ça exactement ?
:)
il est plus que temps que je me couche moi : quand j'suis crevée, c'est comme si j'étais bourrée (j'voulais mettre ivre, mais la phrase ne sonnait plus très bien), bonne nuit !
bien bien intéressant, cette histoire de comment raconter la réalité sans trop la déformer tout en la rendant accessible en dessin animé ou en film...
C'est finalement toute la tragédie de ma vie, ici résumée.
@ Pyrrha-Na : voici la phrase originelle d'Armstrong, qu'il avait pris soin de préparer (peut-être, justement, pour éviter la répétition) et même de la soumettre à ses supérieurs à la NASA : " it's a small step for Man, but a giant leap for Mankind". Ben oui, tout de suite, ça perd en spontanneité, désolé de détruire un mythe...
et non, le film n'est pas projeté au Bateau Ivre, même si à la longue, chez certains sujets, c'est un effet assez similaire que peut provoquer le port des lunettes 3D. ;-P
@ Yibus : oh l'autre, la tragédie de ta vie!!!!.... tout de suite les grands mots! ne perd pas l'epoir, un jour, je ferai peut-être de toi un personnage de dessin animé... je demanderai à ton fils aîné de dessiner les strips!
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